Vu « l’incertitude » entourant la sévérité du variant Omicron, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ne peut « exclure un dépassement des capacités hospitalières », en dépit des nouvelles restrictions et de l’accélération de la vaccination. L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS), lui, prévoit une « intensification rapide » des hospitalisations.
Les deux organismes ont en effet révélé mercredi, à quelques dizaines de minutes d’intervalle, leurs très attendues projections de l’évolution de la COVID-19 pour les prochaines semaines.
« Étant donné l’incertitude concernant la sévérité d’Omicron, on ne peut pas exclure un dépassement des capacités hospitalières, même avec les mesures annoncées le 20 décembre et l’accélération de la vaccination avec une troisième dose », écrivent les chercheurs de l’INSPQ, qui rappellent toutefois que la combinaison « d’une adhésion forte de la population aux mesures, l’accélération de la vaccination, le dépistage et l’isolement pourrait atténuer la transmission d’Omicron au Québec ».
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait annoncé lundi que les bars, les casinos, les cinémas, les gyms et les salles de spectacle fermaient dès 17 h lundi soir. Les écoles primaires et secondaires ont aussi fermé leurs portes jusqu’au 10 janvier prochain. Tout pourrait toutefois être bousculé mercredi soir, alors que le premier ministre François Legault doit annoncer de nouvelles mesures sur le coup de 18 h.
Deux scénarios, l’optimiste et le pessimiste
L’évolution des hospitalisations reliées au variant Omicron – qui représente maintenant 80 % des nouveaux cas au Québec – « dépendra de sa sévérité ». Dans un scénario « optimiste », où la sévérité d’Omicron serait trois fois moindre que le variant Delta, « une adhésion forte aux mesures annoncées le 20 décembre et un rythme accéléré de vaccination avec la troisième dose pourraient ralentir l’augmentation des hospitalisations pour atteindre un niveau semblable ou inférieur à l’hiver 2021 », prédit l’INSPQ.
Ses chercheurs préviennent toutefois que dans un scénario « pessimiste », où la sévérité d’Omicron serait similaire à Delta, « les mesures annoncées le 20 décembre et la troisième dose ne seraient pas suffisantes pour réduire les hospitalisations sous un pic de 100 nouvelles hospitalisations par jour » à Montréal.
Ce serait alors difficile « de réduire la transmission suffisamment pour maintenir le nombre de nouvelles hospitalisations par jour sous le pic de janvier 2021 ». Le 13 janvier 2021, le Québec a en effet compté un sommet de 1525 personnes hospitalisées, dont 230 aux soins intensifs.
« Malgré l’impact important de la vaccination et des mesures annoncées, le modèle prédit une vague substantielle de cas d’Omicron en raison du niveau de transmission élevé actuellement. Le pic de cas pourrait être réduit de 2 à 4 fois avec les mesures annoncées le 20 décembre, comparé au scénario sans mesures », rappelle aussi l’Institut national de santé publique, en précisant toutefois que ces projections doivent être interprétées « en considérant » les incertitudes entourant Omicron.
« Intensification rapide »
De son côté, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) a prévu mercredi une « intensification rapide du nombre de nouvelles hospitalisations et des taux d’occupation des lits COVID au cours des 3 prochaines semaines », à partir d’analyses qui ont toutefois été réalisées les 15, 17 et 19 décembre derniers, avant l’annonce de nouvelles restrictions.
« À partir des données colligées jusqu’au 19 décembre, les projections suggèrent que d’ici 3 semaines, l’occupation des lits réguliers et des lits aux soins intensifs pour les patients COVID pourrait atteindre le niveau 3 défini par le MSSS. Ce niveau correspond à 80 % du sommet observé en janvier 2021. Il est à noter que ces taux d’occupation projetés pourraient être plus élevés compte tenu de l’évolution rapide des cas et des enjeux de sous-estimation de ceux-ci », indique aussi l’INESSS.
Dans le réseau de la santé, on a observé mercredi une hausse de 30 hospitalisations par rapport à la veille, qui se traduit par 76 nouvelles entrées et 46 sorties. À l’heure actuelle, 445 patients demeurent hospitalisés en lien avec la COVID-19, dont 88 se trouvent toujours aux soins intensifs, un chiffre qui est demeuré stable dans les 24 dernières heures (12 entrées, 12 sorties). Les résidents du Grand Montréal représentent actuellement 70 % de ces hospitalisations.