12% des artisans sondés par la chambre de métiers et de l’artisanat du Centre-Val de Loire, fin novembre, envisagent d’accroître leurs effectifs dans les six prochains mois. 17% ont embauché au cours du dernier semestre, notamment dans l’alimentation, et 20%, dans le bâtiment, prévoient de le faire. 13% seulement prévoient de recruter des apprentis en 2022, essentiellement à cause d’un manque de travail.
Ces recrutements, toutefois, posent de plus en plus problème. Les artisans employeurs pointent le manque de candidatures, principalement dans le secteur du bâtiment.
Selon le sondage, les freins au recrutement, au second semestre, sont :
- le manque de candidatures (84%),
- le manque de compétences (surtout dans la production et le bâtiment) pour 40%,
- le manque de qualification (surtout dans le bâtiment et les services) pour 38%,
- l’absence d’expérience (33%),
- le comportement inapproprié et manque de savoir-être (surtout dans l’alimentation) pour 27%,
- l’inadéquation entre les exigences du candidat et les offres d’emploi (difficulté très peu soulevée dans la production et les services) pour 19%,
- les problèmes de mobilité liés à l’absence de permis de conduire ou de véhicule (surtout dans l’alimentation) pour 15%, le manque de motivation (les candidats ne veulent pas travailler le week-end par exemple) pour 6%.
« Je ne sais pas si je vais pouvoir garder mon entreprise. J’ai de l’activité jusqu’en 2023 mais je cherche un ou deux salariés et je ne trouve pas. Soit les candidats ne connaissent pas le métier, soit ils veulent gagner plus que moi en travaillant moins… »
cédric barbereau Artisan couvreur à Orléans.
Les artisans interrogés notent, de plus, que leurs métiers n’attirent pas suffisamment les recrues. Ils énumèrent plusieurs raisons à cela :
- (42%) conditions de travail et horaires jugés trop pénibles (52 % dans l’alimentation, seulement 16% dans la production),
- (34%) déficit d’image du poste ou du métier (surtout en production),
- (34%) inadéquation entre la formation des candidats et les besoins de l’entreprise (sauf dans l’alimentation),
- (21%) rémunération trop faible (32% dans les services, 6% dans la production),
- (15%) manque de temps pour faire les recrutements,
- (12,5%) territoire peu attractif, problème de localisation…
Les autres chiffres de l’enquête
Analyse. Aline Mériau, nouvelle présidente de la chambre de métiers et de l’artisanat, souligne que le « rebond d’activité » est limité par les « difficultés de recrutement », « la pénurie et la hausse des prix des matières premières », devenues des « goulots d’étranglement ». D’où un « certain attentisme ».
Activité. 20% des artisans estiment que leur activité va croître au cours du prochain semestre, une proportion qui a plus que diminué de moitié en l’espace de dix-huit mois. 28% anticipent une baisse. Les meilleurs résultats sont portés par le bâtiment. Les pires par l’alimentation (chiffre en baisse de 35%). Les productifs sont les plus optimistes.
47% (+2% par rapport au premier semestre) ont subi des pertes d’activité. Parmi celles-ci, 15 % ont perdu plus de 75 % de leur chiffre, notamment dans la production. La survie de leur entreprise reste en jeu à court terme.
Approvisionnement. Ces pertes sont en partie liées aux hausses de prix. Pour 35% des répondants, elles sont supérieures à 10%, et pour 14% d’entre eux, elles dépassent les 20% (une situation inédite). Plus de la moitié ont répercuté cette hausse sur leurs prix. La moitié ont des problèmes d’approvisionnement.
Projets. 22% des artisans ont programmé des investissements dans les six prochains mois. 45% des artisans ont des projets de développement en 2022.
Moral. 25% sont pessimistes. 38% sont optimistes. Le pourcentage atteint même 47% dans le bâtiment. Plus de la moitié des carnets de commandes y dépassent les trois mois. 14% des artisans souhaitent se réorienter, surtout dans l’alimentation.
Carole Tribout