Le Musée Vie et Métiers d’Autrefois de Breteuil-sur-Iton est à céder pour survivre


Le Musée Vie et Métiers d’autrefois fêtera peut-être ses 10 ans, l’année prochaine, à des centaines de kilomètres de Breteuil-sur-Iton (Eure), son actuel lieu d’implantation. Les gérants, Élisabeth et Lilian Letourneur, 62 et 66 ans, souhaitent « transmettre » une collection riche de plus de 7000 objets mais la commune de Breteuil n’a pas saisi la main tendue par ce couple proposant cession des collections et du bâtiment.

Leur musée d’artisanat populaire a été pensé dès 2009, « pour se reconstruire » après le décès d’un fils. « On aimait le patrimoine rural et notre maison était déjà un petit musée », raconte Élisabeth Letourneur. Élevée dans une ferme jusqu’à l’âge de 9 ans, la petite Élisabeth est « très soigneuse » et « apprend bien à l’école » : « Ma grand-mère me donnait des petites choses de son passé pour me féliciter, en me disant : Je sais que tu sauras les préserver, alors que ma mère ne comprenait pas que je n’évacue pas les vieilles choses. »

Son mari, Lilian Letourneur est, lui, fils d’artisan couvreur zingueur. Leur passion commune les conduit à passer des « milliers d’heures » dans les brocantes ou sur Internet, ou à rouler jusqu’au Jura pour récupérer « une exceptionnelle machine à tricoter de 1915 ». En septembre 2013, après plusieurs années d’expositions itinérantes et pour ne plus avoir à « emballer et déballer constamment », leur musée gratuit d’accès ouvre ses portes dans l’ancienne salle des ventes de Breteuil, qu’ils rachètent et où furent d’ailleurs acquises certaines pièces aujourd’hui exposées. À présent, ce sont eux que les familles contactent pour confier des objets à préserver.

Représentatifs d’une quarantaine de métiers (tonnelier, lavandière, apothicaire, charron…) et de modes de vie pour beaucoup disparus, les objets et outils très variés datent surtout de la fin du XIXe et du début XXe siècle et ont été vus par 2400 visiteurs rien qu’en 2019. « On a tellement de métiers que les visiteurs trouvent toujours un lien avec l’histoire de leur famille », racontent les époux qui se chargent eux-mêmes de guider le public pour une visite durant jusqu’à trois heures.

Aucune ville du secteur n’a pour le moment montré d’intérêt

Leur incroyable trésor comprend finalement peu de local – « des choses faites par les petits ferblantiers du Pays d’Ouche, riche en fer, et par les anguillères car les femmes ici, à domicile, ne faisaient pas de la couture, elles fabriquaient des aiguilles ! ». Dans l’ensemble, leur collection concerne des métiers pratiqués partout en France ; il n’est donc pas impossible de la réimplanter hors des frontières de la Normandie…

Avec 50 heures en moyenne dédiées chaque semaine à ce travail, les difficultés à trouver de nouveaux bénévoles, les charges pas toujours entièrement couvertes par les subventions, les Letourneur n’auront un jour plus la force et les moyens de s’occuper de leur collection. Mais pas question de vendre ce musée fonctionnant sous le statut d’association mais qu’il faut gérer comme une entreprise.

Aucune ville du secteur contactée n’a pour le moment montré d’intérêt. Qu’importe, les Letourneur n’ont pas dit leur dernier mot : « On veut transmettre. À une commune petite, grande, peu importe, mais dynamique. Idéalement sur le département mais pas de problème pour aller ailleurs. En proposant une transition, en aidant au début, en formant. Certaines collectivités territoriales disposent de bâtiments dont elles ne savent quoi faire. » Ils se donnent deux ans pour concrétiser ces attentes, « sans quoi, on fera venir un commissaire-priseur et on vendra tout »…



Source

About the author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.