Huet ferme la porte à Montréal… pour l’instant


Cristobal Huet sera-t-il un jour l’entraîneur des gardiens des Canadiens de Montréal? À première vue, cela tomberait sous le sens. 

Huet occupe présentement ces fonctions avec le club de Lausanne en Ligue suisse. Il a gardé les buts à Montréal, alors il connaît la pression du marché. Et un Français n’est jamais trop dépaysé dans la métropole québécoise. 

Or, pour le moment, le poste ne fait pas saliver Huet, qui chérit sa petite vie familiale. 

«Pour l’instant, je ne regarde pas tellement ça, a-t-il avoué lors d’un entretien téléphonique avec TVASports. Je suis bien en Suisse. J’essaye d’affiner mon nouveau métier de coach des gardiens. J’apprends, j’essaie d’être meilleur. On verra dans quelques années si l’occasion se présente et si j’en ai envie quand mes enfants seront plus grands.»

Huet a appris de quelques entraîneurs de gardiens réputés au cours de sa carrière, qui a pris fin à 42 ans. Dans sa jeune vingtaine, c’est l’Ontarien Tom Hedican qui lui a fait croire au rêve de la LNH alors qu’il évoluait à Lugano dans la Ligue suisse. 

Un rêve qui paraissait très improbable : avant d’atterrir en Suisse, Huet a joué dans une ligue assez faible, en France, de 18 à 20 ans. C’est seulement à 24 ans qu’il a été repêché par les Kings de Los Angeles au 7e tour, après trois saisons avec Lugano. 

Il a plus tard travaillé avec Roland Melanson avec les Canadiens de Montréal et Stéphane Waite avec les Blackhawks de Chicago. 

«Ils avaient des profils un peu différents les uns des autres, mais il y avait du bon à prendre de chacun d’eux», a expliqué Huet, qui s’occupe des gardiens de Lausanne depuis 2015. 

Chaque entraîneur des gardiens a sa philosophie. Au sein du CH, par exemple, le directeur du département des gardiens Sean Burke est réputé pour demander à ses élèves de jouer profondément dans leur demi-cercle. 

Huet est assez flexible. Mais il y a un aspect sur lequel il insiste particulièrement. 

«J’aime bien quand les gardiens travaillent sur leurs pieds. Je n’ai pas une philosophie de profondeur. J’aime bien avoir un plan de match sur les équipes. Je veux que mes gardiens travaillent sur leurs pieds et essayent de battre les passes.

«Je n’ai pas envie de garder les gars dans un système. Il faut les laisser s’adapter. J’ai un gardien de but un peu plus âgé qui n’a pas forcément fait des « reverse VH » très tôt, donc je le laisse faire. Il a eu du succès comme ça. Il faut savoir s’adapter aux gardiens.»

Huet a un faible pour un gardien de la LNH qui incarne à la perfection sa philosophie de travailler sur ses pieds et de se montrer combatif pour arrêter chaque tir.

«J’aime bien Juuse Saros [des Predators de Nashville], a-t-il confié. Je trouve que, malgré sa petite taille [5 pi 11 po], c’est une bonne inspiration pour les jeunes gardiens de but.»

Du respect pour Price    

À Montréal, Huet a fini par se faire damer le pion par un gardien qui était tout le contraire de Saros : Carey Price, un mur de 6 pi 3 po et 217 lb qui couvre une grande partie du filet.

Huet et Price ont joué ensemble lors de la saison recrue de ce dernier. Cette année-là, pour laisser le filet à l’enfant prodigue, Bob Gainey avait échangé Huet aux Capitals de Washington vers la fin du mois de février.

Même si les deux hommes se sont côtoyés pour une courte période de temps, Huet en avait assez vu à l’époque pour se douter que Price était un phénomène.

«J’ai été impressionné par sa force mentale, a raconté le Français. Il était très calme. Pour sa taille, il bougeait extrêmement bien. Il avait une lecture de la rondelle très, très élevée. C’était un grand compétiteur.

«Malgré sa taille et son poids, il était très rapide. C’est ce qui m’avait frappé à l’époque. Quand tu as du talent en plus de ça, tu as tous les ingrédients pour devenir un gardien dominant.»

À cette époque, Huet avait 31 ans, Price en avait 20. La réalité des deux hommes était sensiblement différente, mais un respect mutuel existait.

«J’avais une bonne relation avec lui, a mentionné le retraité. Il était plus jeune que moi et j’avais déjà une famille, mais on s’entraidait les deux. C’est vraiment un bon gars. 

«J’ai beaucoup d’estime pour lui. Je l’ai croisé il y a peut-être cinq ans quand j’étais avec mon fils à un tournoi au Québec, mais sinon je n’ai pas de contacts avec lui.»

Un peu comme tout le monde, Huet a été surpris lorsque Price a annoncé qu’il composait avec des problèmes de consommation au mois de novembre. Toutefois, il n’est aucunement intéressé de savoir ce qu’il en est concrètement. Il se réjouit davantage de voir la société progresser et enrayer les tabous.

«Je trouve ça bien comment les Canadiens ont géré la situation. Les mentalités changent un peu, et c’est une bonne chose.»

«J’étais libéré»    

Huet n’entretient aucune ranceur à l’endroit de l’organisation du Tricolore par rapport à l’échange qui l’a envoyé à Washington. Il est le premier à concéder que la transaction a donné raison au club avec le temps. 

«Je n’avais plus de contrat et je pense que j’aurais pu demander plus d’argent. Les Canadiens ont pris une bonne décision du point de vue du club», a reconnu l’ancien cerbère. 

C’est de sa toute première année à Montréal qu’il garde les meilleurs souvenirs. Le contexte était particulier.

Les Kings l’ont échangé aux Canadiens à l’été 2004 en retour d’un choix de deuxième tour. Le plan était alors de confier le rôle d’auxiliaire à Huet derrière José Théodore.

Puis est venu l’arrêt de travail. Huet est allé jouer en Allemagne avec les Eagles de Manheim. Il a amené son équipe en finale, mais a subi une blessure à un genou qui a nécessité une opération, si bien qu’il n’a pas pu revenir au jeu avant la mi-novembre lorsque la LNH a repris ses activités en 2005-2006. Il a commencé dans la Ligue américaine avec les Bulldogs de Hamilton, où ses performances étaient peu convaincantes. Or, Théodore connaissait tellement d’ennuis à ce moment que la porte était ouverte, et Huet a obtenu sa chance.

«Personne n’attendait quoi que ce soit de moi. J’avais été blessé. J’ai eu sept blanchissages en une quarantaine de matchs seulement. Tout me réussissait. J’étais libéré. C’est un plaisir de jouer pour les Canadiens de Montréal lorsque tu es libéré…» 

Être libéré. C’est un état d’esprit que l’on souhaite à Carey Price à son retour. 



Source

About the author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.