Poudrerie, accumulations de neige, pluie intense, visibilité réduite… Les conditions routières changent fréquemment en période hivernale, notamment dans l’Est-du-Québec. Le ministère des Transports doit donc régulièrement organiser des fermetures de routes pour protéger les automobilistes. Radio-Canada s’est entretenue avec l’un des porte-parole du ministère pour mieux comprendre le processus décisionnel qui mène à ces fermetures.
Le conseiller en communications au ministère des Transports (MTQ), Jean-Philippe Langlais, indique que 3700 kilomètres de route doivent être entretenus et surveillés par le ministère chaque année au Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.
Ce sont généralement les routes à numéros, comme les autoroutes 20 et 85 ou les routes 232, 132 ou 185, qui sont sous la responsabilité du MTQ.
Les municipalités sont aussi responsables de certaines routes, comme des rues ou des rangs. C’est à elles d’intervenir sur ces tronçons en cas de mauvaises conditions routières.
Quels critères pour décider de fermer la route?
Jean-Philippe Langlais explique que le MTQ peut décider de bloquer l’accès à une route pour différentes raisons.
Les fermetures sont nécessaires lorsque la visibilité empêche les conducteurs d’anticiper tout obstacle ou situation dangereuse, indique-t-il. Évidemment, une fermeture peut être nécessaire lorsque les précipitations sont abondantes et rendent également presque impossibles le déneigement et le déglaçage de la route.»
Il ajoute que pour fermer la route en raison d’importantes accumulations de neige, il faut que l’accumulation se soit faite rapidement. Si c’est 30 centimètres répartis sur l’ensemble des 24 heures, ce n’est pas si problématique, mais si, par exemple, on a, en très peu de temps, une accumulation de 15 centimètres, ça peut devenir plus problématique pour les déplacements», précise-t-il.
Il ajoute qu’un tronçon peut aussi être fermé à la circulation si des obstacles sont présents sur la chaussée, par exemple, si des véhicules y sont enlisés ou accidentés.
Les autorités policières peuvent aussi choisir de fermer un segment pour des motifs d’urgence.
Quand se prend la décision?
M. Langlais souligne que le MTQ ne peut pas fermer une route de manière préventive sur l’unique base des prévisions météorologiques.
Il y a quand même un degré d’incertitude qui est associé uniquement aux prévisions météorologiques. Donc, les fermetures de routes s’opèrent lorsque les équipes sur le terrain considèrent que la situation peut dégénérer», poursuit-il.
Le MTQ compte aussi sur le centre de coordination en viabilité hivernale et de veille en sécurité civile qui est basé à Rimouski.
Ce centre soutient les centres de services du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine dans leur prise de décisions en leur acheminant de l’information provenant des caméras de circulation, des données météorologiques et des données de télémétrie véhiculaires provenant de capteurs installés sur les camions de déneigement qui enregistrent notamment leur position GPS et les informations sur le grattage et l’épandage faits par le véhicule.
Le ministère peut toutefois prévoir le coup et passer en mode de préalerte» lorsque du mauvais temps est prévu.
Lorsqu’on constate qu’une grande quantité de neige, de forts vents, sont prévus pour un territoire donné, il y a une préalerte de fermeture de routes qui peut être émise. La préalerte survient entre 12 et 16 heures avant le début de l’événement météorologique.
Jean-Philippe Langlais explique que lorsqu’un événement météorologique est susceptible de provoquer la fermeture de plusieurs routes, le ministère tombe directement en mode alerte.
Il y a l’ouverture d’un centre local de mesures d’urgence. Ce centre-là va permettre de coordonner les interventions sur le terrain et de communiquer de façon soutenue avec les partenaires», explique-t-il.
Ces trois centres locaux d’urgence sont situés à Cacouna, à Gaspé et à New Carlisle.
Que se passe-t-il quand la route ferme?
M. Langlais soutient que pour les principales routes de la région, des plans de fermeture sont prévus. Les autoroutes 20 et 85 possèdent des barrières et des installations physiques qui accélèrent et facilitent la fermeture.
Il y a des effectifs, également, qui sont ciblés pour assurer la surveillance aux points de fermeture de route dans les différents secteurs de la région», poursuit le conseiller aux communications. Des agents de la Sûreté du Québec (SQ) peuvent aussi prêter main-forte aux effectifs du MTQ déployés sur le terrain.
Lorsque les routes sont fermées à la circulation, les équipes de déneigement poursuivent quand même leur travail pour limiter les accumulations de neige et épandre des abrasifs et des fondants pour préparer la chaussée pour la réouverture.
Ce sont quand même des gens d’expérience. La machinerie, aussi, est adaptée aux conditions», assure Jean-Philippe Langlais questionné au sujet de la sécurité des équipes de déneigement qui travaillent dans les mauvaises conditions météorologiques.
Ainsi, lorsqu’une route est fermée, seuls les déneigeurs et les véhicules d’urgence sont autorisés à circuler.
Des convois peuvent notamment être organisés pour permettre aux déplacements ambulanciers de se faire de manière sécuritaire.
Évidemment, lorsqu’il y a fermeture de routes, on invite les gens à être patients», note-t-il en ce qui concerne les autres usagers de la route.
Comment est prise la décision de rouvrir la route?
Lorsque la tempête se calme peu à peu et que les conditions météorologiques permettent la réouverture des routes, le ministère s’assure que les déplacements peuvent se faire de manière sécuritaire et qu’ils sont également possibles dans les secteurs limitrophes.
Par exemple, si dans le Kamouraska, il y a fermeture de route et dans Chaudière-Appalaches, la région voisine, aussi, et que la situation s’améliore au Bas-Saint-Laurent, c’est bien de s’assurer que ça s’est amélioré dans Chaudière-Appalaches également afin de permettre le déplacement des véhicules en toute sécurité et d’avoir accès aux différents services dans les localités», explique Jean-Philippe Langlais.
Il ajoute que la fermeture du centre local d’urgence va marquer la fin de l’alerte et que cette fermeture survient généralement lorsque l’ensemble du réseau routier est de nouveau accessible.
La levée de la préalerte, c’est vraiment la dernière étape qui vient compléter les opérations. Ça survient généralement entre 12 et 24 heures après la fin de la tempête. Donc, on s’assure que tout revient dans l’ordre avant de pouvoir autoriser à nouveau la circulation. Et, s’il devait y avoir des changements rapides de conditions météorologiques, bien à ce moment-là, le ministère est prêt à intervenir», soulève le conseiller en communication.
Quelles sont les actions prises en amont pour prévenir les désagréments?
Jean-Philippe Langlais soutient que le MTQ tente de réduire les impacts de certaines conditions météorologiques sur la route pour limiter le nombre de fois où il doit procéder à des fermetures.
Selon le conseiller en communications, des haies brise-vent ont notamment été installées aux abords de l’autoroute 20 à la hauteur de Sainte-Hélène-de-Kamouraska et à celle de Sainte-Luce.
Des arbres ont aussi été plantés près de l’autoroute dans les secteurs de Saint-Pacôme et de Saint-Philippe-de-Néri.
Ce sont des végétaux qui sont là pour freiner les déplacements des vents et surtout, la poudrerie sur des tronçons routiers», poursuit-il.
Il y a des clôtures brise-vent en bois qui ont été installées le long de l’autoroute 20 à Saint-Éloi pour limiter l’accumulation de neige sur la chaussée et la poudrerie.
Selon Jean-Philippe Langlais, malgré ces mesures d’atténuation, la meilleure façon d’éviter les mauvaises surprises sur la route est de planifier ses déplacements, notamment en consultant les conditions routières sur le site web Québec 511.
Ça permet d’avoir en temps réel les conditions routières à la grandeur du territoire, mais surtout, de bien planifier ses déplacements. Et, lorsque la météo, les conditions routières sont défavorables, on invite les gens, dans la mesure du possible, à retarder leurs déplacements», conclut-il.